Les discours des avocats, quand on est en droit, sont très importants à regarder. De ce fait vous pourrez récupérer certaines gestuelles pour être plus éloquents à l'oral, puis vous pourrez aussi enrichir votre culture générale. Nous vous avons concocté un top 11 des discours d'avocats à connaître et regarder. 🎤
Sommaire:
Que vous soyez en droit ou non, il est des affaires, des discours, des évènements à connaitre tant ils sont importants dans notre Histoire. Importants par leurs conséquences sur la société, par les évolutions qu’elles ont engendrées, par la prise de conscience commune.
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Nombre de bouleversements sont ainsi portés par des procès historiques, au sein desquels s’exercent des plaidoiries retentissantes et marquantes. Ces plaidoiries, tout étudiant en droit se doit de les connaitre (pas en entier hein !) dans leur globalité, tant pour se construire une culture juridique que pour faire évoluer son opinion et son esprit critique.
Alors lâchez votre nouvelle PS5 (si vous êtes parmi les chanceux à l’avoir, dans le cas contraire lâchez vos Kleenex !), préparez vous un café, et venez nous rejoindre dans ce voyage au pays des souvenirs judiciaires ! e
1 - Contre la peine de mort, par Robert Badinter
« Ceux qui croient encore à la valeur dissuasive de la peine de mort, ceux-là méconnaissent la vérité humaine ! »
Ce discours est l’un des plus grands textes de notre histoire, de par la justesse des mots, que par les capacités oratoires de R. Badinter, mais aussi de sa portée et son impact sur notre société, et même au-delà.
Robert Badinter ne cessera de surprendre, que ce soit en tant qu’avocat, qu’essayiste ou homme politique qu’il sera. Il s’impliquera dans ses affaires avec rigueur, défendant les droits fondamentaux, et s’engageant alors toujours un peu plus dans son combat contre la peine de mort.
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Ne parvenant pas à sauver Roger Bontems de la peine de mort en 1972, il s’engagera véritablement dans ce combat, qui jusqu’ici n’était que simple prise de position. C’est alors sa victoire dans l’affaire Patrick Henry en 1977 qui marquera les prémices de ce que sera surement sa plus grande réussite en 1981.
François Mitterrand est alors Président de la République, et nommera Monsieur Badinter en tant que Garde des sceaux.
C’est un 17 septembre 1981, dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, que Robert Badinter prononcera son discours, interrogeant sur la raison du retard de la France dans cette abolition, accablant ainsi davantage le pays.
Le projet de loi qu’il a initié sera voté par 363 voix contre 117, le 18 septembre, par les députés, dont Jacques Chirac. Il sera ensuite voté par le Sénat, comptabilisant 160 pour et 126 contre.
Ce discours mettra ainsi fin à un long combat mené depuis des siècles.
Retrouvez l’intégralité du discours de R. Badinter juste ici
2 - Le procès de Bobigny, par Gisèle Halimi
« Je ressens avec une plénitude jamais connue à ce jour un parfait accord entre mon métier qui est de plaider, qui est de défendre, et ma condition de femme »
Cette plaidoirie, forte d’émotion et de passion, marquera un tournant pour les femmes françaises et le pouvoir dont elles disposent sur leur corps.
En 1972 s’ouvre ainsi le procès de Bobigny, dont l’accusée n’est autre que la jeune Marie Claire Chevalier, 16 ans, pour avoir avorté des suites de son viol, aidée par sa mère et une faiseuse d’ange notamment.
À cette époque, l’avortement était une infraction, ou comme on le disait sous le régime de Pétain, un crime contre la sureté de l’Etat, et donc passible de la peine de mort.
Les femmes Chevalier choisiront alors Gisèle Halimi, avocate et signataire du manifeste des 343, pour leur défense. Femme, et ayant déjà avorté, c’est avec grandeur et émotion qu’elle portera la cause des femmes, et qu’elle gagnera le procès.
Cette plaidoirie marquera une avancée dans le combat de ces femmes, soutenues par la suite par 331 médecins signataires d’un texte « Nous pratiquons des avortements, inculpez nous si vous l’osez » et par le Président Georges Pompidou, qui reconnaitra la caducité de la législation en vigueur.
3 - L’affaire des piqueuses d’Orsay, Maurice Garçon
« Au Palais, on le craint, on le respecte, mais on ne l’aime pas »
Maurice Garçon figure parmi les plus grands avocats du 20è siècle. Romancier, historien français, essayiste, ce sont bien certaines de ses affaires qui l'ont fait connaître, comme par exemple l’affaire impliquant René Hardy, mais aussi l’affaire des piqueuses d’Orsay.
En juin 1940, des infirmières seront accusées pour le meurtre de malades qui ne pouvaient être transportables, avant de prendre la fuite. Le nom attribué à cette affaire prend alors tout son sens.
Le procès s’ouvre ainsi en 1942 et concernera, on l’aura compris, la question de l’euthanasie en France.
Cette affaire, concernant un sujet sensible, et qui demeure d’actualité encore aujourd’hui, révèle toute la difficulté de l’exercice de défense des infirmières, mais aussi toute la maitrise de l’art oratoire, le savoir, et la force de l’avocat qui s’y est prêté. Il est alors indéniable que Maurice Garçon aura joué un rôle concernant la question de l’euthanasie.
Anecdote : On lui doit la publication en France de « 50 nuances de Grey », grâce à son intervention dans l’affaire Pauvert. En 1962, il permettra aux éditeurs de littératures érotiques d'obtenir la permission d’imprimer ces textes possiblement outrageux. Alors on dit merci qui ? Merci Maurice
Retrouvez ses plaidoiries en librairie.
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4 - L’affaire des bébés congelés, par Henry Leclerc
« Il faut la condamner »
Telles ont été les paroles de Maître Leclerc dans cette affaire, qui ne plaidera pas l’acquittement, mais une peine moindre.
Grand avocat pénaliste depuis 1955, il a plaidé pour nombre de clients connus tels que Dominique de Villepin ou encore Dominique Strauss-Kahn, et bien évidemment Véronique Courjault pour laquelle il plaidera sans aucune note.
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En juin 2009, le procès Madame Courjault débutera à la Cour d’Assises d’Indre-et-Loire, accusée d’avoir tué ses propres bébés, s’élevant au nombre de 3.
Elle risque alors la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat. Après avoir nié les accusations, elle reconnaitra avoir tué les 2 bébés retrouvés par son mari dans le congélateur en Corée, puis un troisième qu’elle brûlera dans une cheminée.
C’est alors Maître Courjault qui la défendra, avec une plaidoirie surprenante, mais redoutable d’efficacité. Il obtiendra la peine de huit ans d’emprisonnement pour triple infanticide, une véritable victoire au regard de la peine encourue, et une nouvelle démonstration de son talent.
Retrouvez un extrait de sa plaidoirie de Me Leclerc juste ici :
5 - L’affaire Mennesson, par Patrice Spinosi
La Cour de cassation « a établi des règles qui feront jurisprudence »
Qui ne connaît pas l’affaire Mennesson ? Cette affaire concernant un couple ayant eu recours à la GPA (gestation pour autrui) aux Etats Unis, et rencontrant alors en France, où la GPA est interdite, des difficultés pour la retranscription de la filiation de la mère dite d’intention vis-à-vis de ses enfants.
Eh bien derrière cette affaire se cache le célèbre Maître Spinosi, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation (rien que ça !). Il a en outre plaidé contre la France à la Cour Européenne des Droits de l’Homme, dont il est à l’origine de plusieurs condamnations. Et pour en rajouter un peu plus, comme s’il n’y en avait pas assez, il sera nommé à la première place comme l’avocat le plus puissant de France en 2015 !
Bien qu’il ait été l’avocat de la défense dans de nombreuses affaires connues comme celles de baby loup, ou l’affaire des sextapes impliquant Karim Benzema, la plus remarquable reste sans doute l’affaire Mennesson, tant par ses rebondissements, sa longueur, que par la victoire finale.
On le sait, Maître Spinosi obtiendra, après 19 ans de combat sans relâche (commencé en 2000), la validation par la Cour de cassation pour la transcription de la filiation ; une première en France. Maître Spinosi est ainsi à l’origine d’un mouvement jurisprudentiel important qui relance alors de nombreux débats.
Bonus : il a contribué à la reconnaissance du « préjudice écologique » lors du procès de l’Erika !
6 - L’affaire d’Outreau, par Eric Dupond-Moretti
«La première fois que j’ai vu la boulangère, j’ai immédiatement eu le sentiment que cette femme était totalement innocente. Il a suffi de l’entendre. »
Comment envisager un top des plus grandes plaidoiries d’avocats sans citer le grand et célèbre Acquittator !
Sa renommée, qui n’est plus à faire aujourd’hui après avoir été l’avocat de Merah, Balkany etc… et obtenu nombre d’acquittements, a débuté en juillet 2004, lorsque Maître Moretti prendra la défense de la boulangère, Roselyne Godard, accusée de pédophilie.
Par le talent qu’on lui connaît, il remettra en cause toute l’affaire, dénigrera les expertises, et obtiendra l’acquittement de Madame Godard. L’ogre du Nord est né.
Il confiera aux journalistes son incompréhension face aux dysfonctionnements, ainsi que son amertume suite aux traitements que sa cliente a subi.
Et un procès qui forge la renommée de Maître Moretti est un procès historique ! Quoi qu’il en soit, les plaidoiries d’Acquittator sont à lire et relire, puisqu’elles témoignent de l’habilité, la précision des mots, les qualités oratoires et la persévérance d’un grand avocat.
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7 - L’affaire Ranucci, par Paul Lombard
«N'écoutez pas l'opinion publique qui frappe à la porte de cette salle. Elle est une prostituée qui tire le juge par la manche, il faut la chasser de nos prétoires, car, lorsqu'elle entre par une porte, la justice sort par l'autre»
Paul Lombard, ou le ténor du Barreau. Il s’est en effet illustré dans de nombreuses grandes affaires, en partant de l’affaire Grégory, la défense des femmes pour l’avortement, jusqu’à sa dernière, l’affaire Fourniret. Son talent lui a valu le surnom de « monstre du barreau » par ses pairs, incarnant une « éloquence de séduction, la seule qui vaille ».
Mais c’est bien l’affaire Ranucci, sa première grande affaire, qui marquera sa vie, son parcours, son histoire.
Le lendemain de son enlèvement en juin 1974, on retrouvera le corps de Marie-Dolores âgée de 8 ans, à Marseille. Christian Ranucci est alors arrêté suite à de nombreux témoignages l’accablant.
S’il avouera le crime en garde à vue, il se rétractera et ne cessera de clamer son innocence.
Innocence dont son avocat, Maitre Lombard, est intimement persuadé. Sa plaidoirie sera alors empreinte de cette conviction avec laquelle il essaiera de convaincre le jury lors du procès en 1976 à Aix en Provence. Malgré ses efforts, Ranucci sera condamné à mort à 22 ans, et même si trois demandes en révision seront déposées par la suite, il ne sera jamais gracié.
Ranucci deviendra ainsi le symbole des partisans de l’abolition de la peine de mort, bien qu’il n’en soit pas le dernier à en être la victime.
8 - L’affaire Durand, par René Coty
« C’est à croire que l’on ne veut pas parler de cette période trouble, des conflits sociaux et de la lutte des classes qui animaient la ville à cette époque »
Comptée parmi les erreurs judiciaires historiques telles l’affaire Calas, l’affaire Durand semble avoir été oubliée de tous, et pourtant…
Jules Durand, membre actif du syndicat des charbonniers, sera très investi au sein de la grève en été 1910. Or, suite au meurtre de Dongé, il sera arrêté le 10 septembre de la même année, suite au témoignage à charge de 10 témoins, selon lesquels il aurait appelé à « tuer le renard ».
René Coty, jeune avocat, se chargera alors de l’affaire, une affaire au cours de laquelle, rappelle le juge d’instruction Marc Hedrich, « la machine judiciaire s’est emballée ». En effet, elle sera instruite en 8 semaines pour 7 personnes suspectées.
Le 25 novembre, Jules Durand sera condamné à la peine de mort, malgré de nombreuses zones d’ombres, mais aussi le manque d’éléments à décharges au cours du procès (témoins en faveur de l’ouvrier n’ont pas pu se déplacer, absence de déclarations capitales…).
Bien que les jurés aient voulu signer un recours en grâce, bien que des combats postérieurs aient été menés contre la décision, et bien que la Cour de cassation ait cassé, en aout 1912, le jugement de la Cour d’assises, il sera trop tard pour Durand, interné en asile psychiatrique en 1911, la détention et l’injustice l’ayant fait sombrer dans la folie, une folie qui empêchera un nouveau jugement.
La Cour de cassation reconnaîtra tout de même son innocence en 1918.
C’est alors l’une des plus grandes erreurs judiciaires du 20ème siècle qu’il est important de rappeler, une affaire au cours de laquelle Maitre Coty a dû plaider face au manque de preuves à décharge mais un florilège de preuves à charge, et à une justice étonnamment rapide.
Un exercice fort compliqué pour un jeune avocat, qui a su relever le défi avec brio, et y a cru jusqu’au bout.
Retrouvez la plaidoirie de René Coty juste ici
9 - L’affaire des caricatures de Mahomet, par Richard Malka et Georges Kiejman
La jurisprudence a « bâti pierre à pierre la forteresse de la liberté d’expression, fruit d’une histoire et d’une Révolution »
Richard Malka, bien qu’il soit scénariste de bandes dessinés et romancier, est aussi un avocat spécialisé dans les questions relatives à la liberté d’expression, mais aussi à la laïcité.
C’est ainsi tout naturellement qu’il est l’avocat de la jeune Mila, mais aussi du journal satirique Charlie Hebdo depuis 1992.
En février 2007 s’ouvre le procès contre le journal (dans le contexte d’agitation que l’on connaît), intenté par l’Union des organisations islamiques de Franc et la Grande Mosquée de Paris, pour « injure publique à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur religion ».
Relaxé en première instance mais aussi en appel, au motif que les caricatures ont « par leur publication participé au débat d’intérêt général sur la liberté d’expression » Maître Malka et son confrère Kiejman, avocat de Roman Polanski et Liliane Bettencourt notamment, inscrivent leur plaidoirie et le procès dans l’Histoire, réaffirmant la force de l’héritage que les Lumières et la Révolution française nous ont laissé.
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10 - L’affaire Papon, par Jean-Marc Varaut
« Ne vous libérez pas ici d'une sorte de honte collective »
C’est ici l’affaire qui a donné lieu à l’une des plaidoiries les plus longues de l’histoire judiciaire française, à savoir 3 demi-journées (donc environ 15 heures de plaidoiries, plus court qu’un marathon Harry Potter soit dit en passant).
En 1998, à Bordeaux, Maurice Papon sera condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l’humanité, échappant à l’incrimination de complicité d’assassinat grâce à Maitre Varaut, avocat monarchiste et catholique, ayant défendu Jacques Laurent, François Léotard, François Bayrou et bien d’autres.
Alors secrétaire général de la préfecture de Gironde, de 1942 à 1944, Papon est accusé d’avoir arrêté et exporté des juifs, au cours de l’organisation des déportations. L’affaire sera dévoilée au public par le Canard enchaîné en 1981, publiant des documents attribués à Papon et fournissant une potentielle preuve de sa culpabilité. Le tribunal estimant qu’il n’avait pas connaissance de l’extermination qui s’en suivrait, il ne sera pas condamné pour complicité d’assassinat, ni pour la tentative de complicité d’assassinat.
Outre l’exceptionnelle longueur de la plaidoirie, ce procès s’inscrit dans l’histoire de par les faits qu’il concerne, et par la défense qui a pu y être exercée par Maître Varaut.
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11 - L'affaire Omar Raddad, par Jacques Vergès
« Quelqu'un dont j'ai prouvé l'innocence vient d'être condamné à une peine qu'il ne mérite pas. C'est le 100e anniversaire de l'affaire Dreyfus. Il y a 100 ans, on condamnait un jeune officier qui avait le tort d'être juif, aujourd'hui on condamne un jardinier qui a le tort d'être maghrébin. »
L’affaire Omar Raddad, tristement célèbre, illustre une plaidoirie marquante menée par Me Jacques Vergès.
Le 2 février 1994, après trois ans de procédure, la cour d’assises des Alpes-Maritimes déclare Omar Raddad coupable du meurtre de Ghislaine Marchal, une riche veuve pour laquelle il travaillait comme jardinier. Malgré ses dénégations constantes et les failles dans l’enquête, il est condamné à 18 ans de réclusion criminelle.
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Le discours de Me Vergès, prononcé à l’issue du procès, résonne encore aujourd’hui. Face à la sentence, l’avocat déclare : « Quelqu’un dont j’ai prouvé l’innocence vient d’être condamné à une peine qu’il ne mérite pas. C’est le 100e anniversaire de l’affaire Dreyfus. Il y a 100 ans, on condamnait un jeune officier qui avait le tort d’être juif, aujourd’hui on condamne un jardinier qui a le tort d’être maghrébin. »
Cette comparaison audacieuse établit un parallèle entre les injustices de deux époques, toutes deux enracinées dans des préjugés sociétaux.
Zoom sur le discours percutant et politique
La dénonciation des préjugés
Jacques Vergès n'a pas seulement défendu Omar Raddad en tant qu'individu, mais il a élargi la portée de son discours pour dénoncer les biais sociétaux et les discriminations.
En comparant le cas d’Omar Raddad à l’affaire Dreyfus, il a intentionnellement placé le procès dans une dimension historique et symbolique. Là est son coup de génie (qui n'aura pas suffi, rappelons-le).
Cette comparaison visait à marquer les esprits en soulignant que les préjugés peuvent influencer les décisions judiciaires. Il évoque ainsi un parallèle entre le contexte antisémite de l’époque et les préjugés raciaux contemporains.
Une stratégie de questionnement en cascade
Vergès est connu pour sa technique du questionnement en cascade, qui consiste à multiplier les interrogations et à explorer chaque zone d’ombre de l’accusation pour semer le doute dans l’esprit des jurés.
Dans ce procès, il s’appuie sur les éléments suivants :
▶️ Les incohérences des preuves matérielles :
Vergès soulève des doutes sur les conditions dans lesquelles les preuves ont été collectées, notamment la célèbre inscription "Omar m’a tuer", écrite avec le sang de la victime mais contenant une faute grammaticale, suggérant qu'elle aurait pu être manipulée.
▶️ L'absence de preuves ADN concluantes à l'époque :
Il critique le manque de certitudes scientifiques sur lesquelles s'appuie l'accusation.
▶️ Le rôle des stéréotypes :
Il met en lumière les biais inconscients des enquêteurs et des jurés, qui auraient pu influencer leur jugement en raison de l’origine maghrébine de l’accusé.
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Une approche émotionnelle et théâtrale
Mort en 2013, Jacques Vergès avait un talent oratoire indéniable, et il savait jouer sur les émotions pour captiver son auditoire.
▶️ Il dramatise l’injustice en présentant Omar Raddad comme une victime non seulement des accusations mais aussi d’un système aveuglé par ses préjugés.
▶️ Il adopte un ton solennel et grave, insistant sur le fait qu’Omar Raddad a été condamné avant même que les preuves ne soient pleinement examinées.
▶️ Sa manière d’interpeller directement les jurés visait à les responsabiliser, presque à les culpabiliser, face à une éventuelle erreur judiciaire.
Un message plus large sur la justice
Vergès a utilisé ce procès pour rappeler que le droit ne peut pas se couper de l’éthique et des questions sociétales. Sa plaidoirie dépasse le cas d’Omar Raddad et s’adresse à tous ceux qui pourraient être jugés injustement en raison de leur origine ou de leur statut social.
Limites et réception
Malgré la force de son discours, la stratégie de Vergès n’a pas convaincu la cour d’assises. Omar Raddad a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle.
Certains critiquent cette défense pour son aspect parfois trop polémique et politique, au détriment d’une argumentation technique plus poussée sur les éléments matériels.
Cependant, d'autres saluent la capacité de Vergès à poser des questions essentielles sur les biais de la justice.
Pourquoi ce discours est essentiel à connaître ?
Cette plaidoirie dépasse les faits pour interroger les jurés – et, plus largement, la société – sur les biais qui peuvent influencer la justice.
Me Vergès y applique sa célèbre méthode du questionnement en cascade, une stratégie visant à semer le doute en explorant chaque faille et chaque incohérence de l’accusation. Il pousse ainsi les jurés à remettre en cause les certitudes et à réfléchir aux stéréotypes susceptibles de biaiser leur jugement.
Le cas d’Omar Raddad est un rappel puissant que le droit n’est pas immunisé contre les influences sociales, et que l’avocat joue un rôle clé en tant que rempart contre les dérives.
En étudiant cette affaire, on comprend l’importance de défendre des principes fondamentaux comme la présomption d’innocence et l’égalité devant la loi, même face à des accusations populaires ou controversées.
Une affaire au long cours
Pour les étudiants en droit, le discours de Me Vergès est un modèle de plaidoirie percutante, alliant émotion, stratégie et dénonciation des injustices. Une source d’inspiration incontournable pour comprendre l’art oratoire et l’éthique de la profession d’avocat.
BONUS (Émission) - Law'ctogone
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Olivia Jean
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