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[Interview] « La vision de l'avocat en costume de luxe appartient au passé »


Découvrez une interview exclusive de Maître Zanconato, avocat en droit de l’immobilier ! Études, avantages, inconvénients, qualités requises, salaire, clichés… Maître Zanconato répond à toutes nos questions et il nous donne également des conseils pour devenir avocat en droit de l’immobilier et réussir le CRFPA !


fiches droit
 

Sommaire : 


 

  « Faites ça sans moi, je ne crois plus en la justice… »

Qu’est-ce qu’un avocat en droit immobilier ?


Un avocat en droit immobilier est un praticien du droit titulaire du CAPA dont l’expertise porte sur les transactions d’immeuble, dans son sens juridique. Son rôle est de défendre au mieux les intérêts de ses clients grâce à son écoute et ses conseils.


Bonjour Maître, qui êtes-vous et comment en êtes-vous arrivé à devenir avocat en droit immobilier ?


Théo Zanconato : « Bonjour, je suis avocat au barreau de Paris et j’exerce principalement en droit immobilier. Pourquoi ce domaine ? Un peu par hasard… Au début, j'ai choisi de ne pas me spécialiser dans un domaine particulier, afin de disposer de connaissances transversales dans toutes les matières. J’ai ensuite rejoint le cabinet Lawal en 2021 et depuis, je ne fais pratiquement plus que ça. »


Pourquoi avez-vous choisi cette branche et pas une autre ?


T. Z. : « Le droit immobilier regroupe tout ce qui me plaît dans la profession : du contentieux, de la technique juridique, des domaines d’intervention variés…  Je n’ai pas le temps de m’ennuyer ! »


Formation pour devenir avocat en droit immobilier


Quel est le parcours à suivre pour devenir avocat en droit immobilier ?


T. Z. : « Pour devenir avocat en droit immobilier, l’idéal est bien sûr de posséder un master en immobilier, mais ce n’est pas obligatoire. Le plus important est d’obtenir le CRFPA ; ensuite, on peut largement se former par la pratique, comme dans toutes les matières. »


Et vous, quel a été votre parcours ? Quels masters avez-vous faits pour devenir avocat en droit immobilier ?


T. Z. : « J’ai d’abord obtenu ma Licence à l’Université Paris-Saclay, puis un master en droit international et européen à l’Université Toulouse I Capitole. Rien à voir avec le droit immobilier, donc ! Ce n’est qu’au cours de ma pratique d’avocat que j’ai découvert cette matière ; ça m’a plu, et je m’y suis donc formé au fil des dossiers. »



Durant vos études, avez-vous réalisé des stages ou jobs étudiants ?


T. Z. : « Durant mes premières années d’étude, je n’ai eu que des jobs étudiants parce que j’étais constamment en manque d’argent. J’ai fait mon premier stage en M2, auprès du Préfet de la région Occitanie, puis j’en ai fait un autre dans un cabinet d’avocats. C’est ce second stage qui m’a convaincu d’exercer la profession. »


 
 

Le salaire des avocats en droit immobilier


En France, le salaire* médian pour un avocat en droit immobilier est de 47 500 € par an, soit 3 958 € par mois ou 26,10 € de l’heure (source : talents.com).


Néanmoins, ce salaire peut être assez variable, notamment en fonction de l’expérience, du cabinet, mais aussi de la ville d’exercice.

💡 Bon à savoir : *en réalité, pour désigner le salaire d'un avocat collaborateur, il est plus juste de parler de rétrocession d'honoraires. Le terme « salaire » relève plutôt du langage courant !

Combien peut gagner un avocat en droit immobilier en début de carrière ? 


T. Z. : « La rétrocession d’un avocat en droit immobilier varie énormément selon la structure, le lieu d'exercice, pour qui on travaille… 


À Paris, le tarif UJA (montant minimum fixé par l’union des jeunes avocats) est de 4 300 € en première année, ce qui donne à peu près 3 000 € net. 

Ensuite, il faut retenir qu’un avocat peut développer une clientèle personnelle en plus de son activité au cabinet, ce qui va lui permettre de générer un complément de revenus. »


 

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Le métier d’avocat en droit immobilier


En quoi consiste le métier d'avocat en droit immobilier ?


T. Z. : « D’une manière globale, un avocat en immobilier s’occupe de toutes les problématiques juridiques qui concernent un immeuble : ça peut être de la vente et de la location, mais aussi de la construction, de l’urbanisme, de la copropriété, etc. »


Quel est le quotidien d’un avocat en droit immobilier ?


T. Z. : « C’est d’abord un travail de bureau : analyse du dossier, recherches juridiques, définition d’une stratégie… On demeure toutefois dans l’interaction avec des déplacements, des négociations, des plaidoiries. C’est assez vaste ! »


Effectivement, vos missions ont l’air d’être très variées ! Devez-vous vous déplacer tous les jours ?


T. Z. : « On se déplace généralement pour des audiences et des rendez-vous extérieurs, c’est-à-dire plusieurs fois par semaine, mais pas tous les jours non plus. La plupart du temps, ça reste en Ile-de-France, mais il arrive qu’on doive aller beaucoup plus loin. »


Quels types d'affaires traitez-vous le plus régulièrement ?


T. Z. : « Ça dépend essentiellement des dossiers qui arrivent. Avec mon cabinet, on fait beaucoup de construction en gérant les difficultés opérationnelles qui peuvent survenir sur les chantiers. Encore une fois, le quotidien varie énormément, et c’est ça qui me plaît. »


Auriez-vous un exemple de « difficultés opérationnelles » pouvant survenir sur les chantiers ?


T. Z. : « Les choses se tendent souvent à la fin, au moment de faire les comptes. Ça peut être des retards d’exécution, des paiements qui n’arrivent pas, des dommages constatés sur les ouvrages… Chaque chantier est différent, et rien ne se passe jamais exactement comme prévu ! »


Parmi toutes vos expériences, quel a été votre dossier le plus improbable ?


T. Z. : « Moment “Père Castor” ? C’était il y a deux ou trois ans, quand j’exerçais sur l’île de la Réunion. J’étais au tribunal correctionnel pour représenter les intérêts (civils) d’un assureur dans le cadre d’un accident de la circulation. J’attendais tranquillement mon tour en relisant le dossier : dans ce type d’audience, ceux qui sont déjà incarcérés passent toujours en premier.


Justement, un type passait à la barre parce qu’il était accusé d’avoir frappé quelqu’un dans une boulangerie. Le problème, c’est qu’il refusait catégoriquement d’assister à son procès.  “Faites ça sans moi, je ne crois plus en la justice…”  Ce genre de choses. 


Maître Bruno Raffi, un vieux briscard du Barreau qui nous a quittés depuis, se promène vers lui et lui demande s’il souhaite, malgré tout, qu’un avocat le représente. Contre toute attente, le prévenu répond qu’il est d’accord. Bien évidemment, aucun avocat de permanence n’est disponible.


La Présidente se lève, prends un ton solennel et déclare que “la tradition du Barreau exige que le prévenu soit défendu par le dernier avocat à avoir prêté serment”. Et comme j’étais (de loin) le plus jeune, tous les regards se tournent soudainement vers moi. 


Je me retrouve donc avec un “client-surprise”, avec seulement quelques heures devant moi pour prendre connaissance du dossier et préparer une défense

Finalement, ça s’est plutôt bien fini puisque le délit a été requalifié en contravention, de sorte que mon client s’en est sorti à bon compte. Mais cela aura été une sacrée matinée ! »


Les qualités requises pour être avocat en droit immobilier


T. Z. : « Les qualités requises pour être un bon avocat en droit immobilier est d’aimer son métier, avoir la passion du droit, examiner en profondeur un sujet, construire une argumentation… Sans véritable passion, il sera difficile de faire du bon travail. 


Ensuite, il faut de l'organisation. On est soumis à beaucoup d'urgences et de sollicitations, c'est très facile de se perdre et d'être débordé si on ne sait pas hiérarchiser et prioriser.

Enfin, il faut être débrouillard. Il y aura toujours des imprévus, un moment où le plan ne va pas se dérouler comme prévu : à ce moment-là, il faut savoir s'adapter, et savoir le faire rapidement. »


Les avantages et inconvénients du métier d’avocat en droit immobilier


Quelles sont les 3 choses que vous préférez dans votre profession ?


T. Z. : « Premièrement, le sentiment d'être utile. C'est toujours intéressant et gratifiant de trouver une solution aux problèmes des gens.


Ensuite, c'est varié, dans le sens où à chaque nouveau dossier, c'est une nouvelle histoire, un nouveau casse-tête.


Enfin, je dirais la liberté. Dans l’écrasante majorité des cas, un avocat n’est pas un salarié d’entreprise, il peut cumuler des activités différentes. Et c’est très gratifiant. »


Inversement, quelles sont les 3 choses que vous détestez dans votre profession ?


T. Z. : « S'il y avait 3 choses que je détestais vraiment dans ma profession, je changerais de profession ! 


Toutefois, s’il y a bien une chose à laquelle je ne me ferais jamais, c’est de perdre un procès contentieux. Lorsque nos arguments tiennent la route et que le tribunal, pour telle ou telle raison, nous déboute de nos demandes, c’est un sentiment très amer. »


Conseils pour devenir avocat en droit immobilier


Quels conseils donneriez-vous à des étudiants souhaitant devenir avocat en droit immobilier ?


T. Z. : « De venir faire un stage chez nous ! Comme ça, ils sauront s’ils apprécient le métier, ou s’ils ont juste un intérêt académique pour la matière juridique. Ce sont deux choses très différentes. »


Est-ce qu’il y a une série ou un film sur les avocats que vous recommandez ? Un livre ?


T. Z. : « Selon moi, le meilleur film sur la justice c’est “12 hommes en colère” et le meilleur livre, l’Exécution de Robert Badinter. C’est vieux comme le monde et ça n’a pas pris une ride.


En dehors du droit, vous pouvez lire Le Petit Prince pour aller bien et regarder “The Eternal Sunshine of the Spotless Mind” pour aller mal. Vous pouvez toujours continuer de regarder “Suits” mais quand vous entrerez dans un vrai cabinet, vous risquez d’être profondément déçus ! »


 

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Clichés sur les avocats en droit immobilier


Nos abonnés ont fait remonter des clichés sur votre profession, pourriez-vous nous dire s'ils sont vrais ou faux ?


« Les avocats en droit immobilier sont tous riches »


T. Z. : « Faux ! Ça va essentiellement dépendre de la place dans le cabinet et du cabinet, beaucoup plus que de la spécialité.


Je pense que l’âge d'or est révolu, et que la vision de l’avocat bourgeois en costume de luxe et voiture de sport appartient désormais au passé.

Bien évidemment, je ne pense pas qu’on soit beaucoup à plaindre par rapport à d’autres professions, largement mal payées par rapport au travail fourni. »


« Être avocat en droit immobilier, c'est gérer des conflits de voisinage et des dégâts des eaux »


T. Z. : « Je mentirais si je disais que je n’en ai jamais fait, mais ça me plaît ! Ce genre de dossier peut vite devenir très complexe, et vous n’imaginez pas à quel point un dégât des eaux mal géré peut pourrir la vie des gens. »


« Être avocat en droit immobilier, c'est maîtriser tout le vocabulaire du BTP »


T. Z. : « Comme partout, c’est toujours mieux de connaître le jargon. Mais dans le BTP, c’est

quasiment impossible de faire le tour, tant il y a de professions différentes ! »


« Être avocat en droit immobilier, c'est passer sa vie à attendre les retours d'experts sur des dossiers »


T. Z. : « En réalité, la lenteur des expertises vient rarement des experts eux-mêmes. Elle est plutôt due au nombre impressionnant de parties (constructeurs, assureurs, voisins, copropriétés, etc.), qui rallonge forcément la durée des opérations. »


 

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FAQ : avocat en droit de l’immobilier


Est-ce une profession avec des perspectives d'évolution ?


T. Z. : « Être avocat, c'est être indépendant. Les perspectives d’évolution sont infinies : on peut monter sa propre structure, ou bien exercer dans un grand cabinet pendant 10 ans puis devenir associé. Je connais des confrères qui sont écrivains, d’autres qui font de la politique, d’autres qui sont agents de joueurs de foot…  Il y a tellement de possibilités ! »


Quels conseils donneriez-vous aux futurs propriétaires avant de signer un contrat de construction ? 


T. Z. : « De bien comprendre à quoi ils s'engagent. S’il y a une clause qu’ils ne maîtrisent pas, si quelque chose n’est pas clair, il vaut mieux faire appel à un professionnel, quitte à dépenser un peu d’argent, plutôt que de prendre un risque dont les conséquences pourraient être autrement plus graves. 


C’est d’autant plus vrai que, pour beaucoup de particuliers, il s’agit de l'investissement d'une vie. Il faut donc comprendre ce qu’on signe ; c’est même un principe de base pour tous les contrats ! »



FAQ : correcteur de copies en prépa CRFPA


En tant que correcteur en prépa du CRFPA, quelle est la plus grande lacune que vous avez observée chez les candidats ?


T. Z. : « Manque de pratique.


Au CRFPA, à part la note de synthèse, toutes les épreuves écrites sont des cas pratiques : il n’y a pas de dissertations ni de commentaires d'arrêt. Les sujets sont volontairement très longs, donc l'étudiant doit raisonner rapidement pour prendre le plus de points possibles. Or, dès que le candidat se met à hésiter, à disserter ou à "intellectualiser" le sujet, il perd un temps précieux et finit par récolter une mauvaise note. 


La clé selon moi est donc de faire des stages, de préférence en cabinet d'avocats, parce que c’est une très bonne école : traiter un dossier contentieux, ce n’est rien de plus que de résoudre un cas pratique ! »


Quels conseils donneriez-vous aux futurs avocats pour réussir le CRFPA ?


T. Z. : « D'aimer ce qu'ils font. Ne pas oublier qu’il ne s’agit pas que de rémunération, il y a des gens derrière chaque dossier. Il faut bien faire son travail, sans tricher ; c'est beaucoup plus gratifiant à l'arrivée. »


 

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Quelles sont les principales compétences que vous cherchez à évaluer chez les candidats pendant les épreuves écrites ?


T. Z. : « Attention, je n’ai corrigé que des copies de prépa, pas l’examen en lui-même. Comme il s’agit de cas pratiques, on cherche d’abord à vérifier que l’étudiant a compris le sujet, et que son raisonnement est le bon. Beaucoup ne prennent pas suffisamment de temps pour bien cerner la problématique et se lancent dans une mauvaise piste : du point de vue de la notation, c’est souvent fatal. »


Comment maintenez-vous l'objectivité dans la correction, surtout lorsque les réponses peuvent être interprétées de différentes manières ?


T. Z. : « Je corrige des cas pratiques, donc j’ai rarement ce problème.


Je le répète souvent aux étudiants qui se plaignent : la part de subjectivité existera toujours, mais elle est très minime. Ce n’est pas sur un petit point que se joue la réussite à un examen, c’est sur les 19 autres ! »

Selon vous, quelles sont les qualités d'une excellente copie au CRFPA ?


T. Z. : « Pour moi, une excellente copie de cas pratique est celle dont le raisonnement est limpide, qui respecte le syllogisme faits/droit/conclusion et va droit au but, en citant les bons textes et les bonnes jurisprudences sans faire de fioritures. »


Quelle importance accordez-vous à la maîtrise de la langue française et à l'orthographe dans la notation ?


T. Z. : « L’orthographe d’un étudiant en droit de se rapprocher le plus possible de l’irréprochable. On fait tous des fautes, mais si c’est vraiment catastrophique, je vais forcément me montrer moins généreux dans la notation. »


 
 

Enfin, avez-vous des anecdotes intéressantes ou mémorables concernant certaines copies ou certains candidats au cours de votre carrière ?


T. Z. : « Il est arrivé qu’en partiel blanc, certains étudiants écrivent dans leur copie des blagues que je leur avais faites en cours pour les aider à mémoriser certains concepts, parce qu’ils savaient que c’était moi qui les corrigerais. À ne surtout pas faire ! »


Article rédigé par Cassandre Thevin, Responsable éditorial


 
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