Découvrez une interview exclusive de Maître Monicault, avocate en droit de la famille, des personnes et de leur patrimoine ! Études, avantages, inconvénients, qualités requises, salaire, clichés… Maître Monicault répond à toutes nos questions et elle nous donne également des conseils pour devenir avocat en droit de la famille !
Sommaire :
Bonjour Coralie, qui êtes-vous et comment en êtes-vous arrivée à devenir avocate en droit de la famille ?
C. M. : « Bonjour, je suis Maître Coralie MONICAULT, avocate au Barreau de Bourges depuis 2021. Ce qui m’a amenée à faire du droit de la famille remonte à l’époque du lycée. »
Vous avez su assez tôt quelle profession vous souhaitiez exercer ! Pouvez-vous nous en dire plus ?
C. M. : « Tout à fait ! En seconde, j’avais choisi l’option Sciences économiques et sociales. Il y avait une thématique relative à la composition de la famille en France et à ses différentes évolutions. Cela m’a plu immédiatement.
Ensuite, en première ES, j’ai réalisé un projet autour de la famille sous différents prismes (la notion de famille en histoire, en littérature et en sociologie).
Cette passion pour la famille s’est d’autant plus renforcée lorsque j’ai entamé mes études de droit et que la matière du droit de la famille faisait justement partie du cursus universitaire (en L1) avec des travaux dirigés.
Enfin, ma rencontre avec Maître ROUAUD a renforcé cette passion qui depuis ne m’a jamais quittée. J’ai bouclé mon cursus universitaire de Master II par la réalisation d’un stage en cabinet d’avocats auprès de Me ROUAUD.
Au cours de celui-ci, je n’ai fait que du droit la famille et j’ai alors pu réaliser un mémoire sur La résidence alternée chez les jeunes enfants. Je savais que je voulais être avocat et plus spécifiquement exercer en droit de la famille. »
Formation pour devenir avocat en droit de la famille
Quel parcours universitaire avez-vous suivi pour devenir avocat en droit de la famille ?
C. M. : « S'agissant de mon parcours universitaire, j'ai accompli une licence en droit général au sein de l'Antenne de droit à Bourges. »
Quels masters avez-vous faits pour devenir avocate en droit de la famille ?
« Une fois ma licence obtenue, je suis partie en Master 1 Carrières Judiciaires à l'Université de Tours et j'ai ensuite poursuivi avec un Master 2 Conseil & Contentieux toujours à Tours.
J'ai préféré choisir un Master généraliste pour une future intégration cabinet et le développement d'une clientèle personnelle où il est important d'avoir un panel de connaissances le plus large possible. »
Team Pamplemousse : et comme tous les avocats, Maître Coralie MONICAULT a dû passer par le fameux concours du CRFPA ! D’ailleurs, pour tous nos pépins qui doivent préparer ce concours, vous pouvez retrouver notre annuaire des prépas CRFPA ! Il contient toutes les informations utiles et pratiques sur les prépas, ainsi que des avis d’étudiants.
Et durant vos études, avez-vous réalisé beaucoup de stages ?
C. M. : « Je n'ai effectué aucun stage au cours de mes études hormis dans le cadre de mon Master 2 où j'ai accompli un stage de 2 mois au sein de la SCP ROUAUD & ASSOCIÉS.
Il s'agit du seul stage que j'ai effectué, où j'ai véritablement connu le quotidien et ce que recouvrait la profession. Pour autant, je savais que c'était cette profession et pas une autre. »
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Alors, en résumé, pourquoi avez-vous choisi cette branche du droit et pas une autre ?
C. M. : « J’ai choisi cette branche du droit pour tous les aspects qu’elle recouvre, à la fois l’aspect “psychologique” de la matière, puisque l’on rentre dans l’intimité de la personne qui vient nous voir ; mais également pour son aspect juridique très étendu : la conception “d’intérêt supérieur de l’enfant”, la prestation compensatoire, le nom, etc.
Aucune autre branche du droit ne permet d’appréhender ces deux aspects. »
Le salaire des avocats en droit de la famille
En France, le salaire médian pour un avocat en droit de la famille est de 52 500 € par an, soit 4 375 € par mois ou 28,75 € de l’heure (source : talents.com).
Néanmoins, les avocats débutants sont souvent loin de ce salaire*, qui peut d’ailleurs être très variable : entre 1 500 et 2 400 € (source : avoca.fr).
💡 Bon à savoir : *en réalité, pour désigner le salaire d'un avocat collaborateur, il est plus juste de parler de rétrocession d'honoraires. Le terme « salaire » relève plutôt du langage courant ! |
Combien gagnent les avocats en droit de la famille ?
C. M : « La question de l’argent est souvent importante, mais il est difficile d’y apporter une réponse précise avec un chiffre.
Les dossiers peuvent parfois relever de l’aide juridictionnelle*. D’autres n’en relèvent pas, mais il m’arrive d’adapter les honoraires en fonction de la procédure à engager. »
💡 Bon à savoir : *l’aide juridictionnelle est une aide financière fournie par l’État lorsque les ressources d’une personne sont insuffisantes pour défendre ses droits devant la justice. Elle est versée directement au professionnel du droit. Cette aide prend en charge les frais de procédure, totalement ou à partie. En d’autres termes, elle couvre les frais suivants :
Source : justice.fr |
Le métier d’avocat en droit de la famille
En quoi consiste le métier d’avocat en droit de la famille ?
C. M. : « Le droit de la famille est très vaste. Il regroupe tellement de thématiques : les séparations, les divorces, les adoptions, les contestations de filiation, le changement de nom, les auditions d’enfants… ».
Team Pamplemousse : En somme, être avocat en droit de la famille, c’est donc conseiller des clients et les accompagner dans leurs démarches sur ces nombreuses thématiques !
Quel est le quotidien d’un avocat en droit de la famille ?
C. M. : « Il n’y a pas de “quotidien” à proprement parler quand on est avocat en droit de la famille. Les journées sont vraiment différentes !
Des personnes extérieures pourraient penser qu’il y a une routine qui s’installe, mais ce n’est pas le cas du tout. On ne s’ennuie jamais quand on exerce en cette matière ou d’une façon générale quand on est avocat.
Je peux passer d’un rendez-vous pour un divorce à un autre qui va traiter d’une séparation entre deux personnes non mariées ou encore une question d’adoption ou recevoir un enfant pour préparer une audition.
J’ai aussi la chance de ne pas faire que du droit de la famille, donc mes journées sont assez rythmées et différentes chaque jour, ce qui est très enrichissant. »
Effectivement, vos journées ont l’air d’être très variées ! D’ailleurs, dans quels autres domaines exercez-vous ?
C. M. : « J'exerce également en droit pénal, en droit civil et également en droit des mineurs. La diversification des matières me plaît, ce qui me permet aussi de n'avoir aucune routine. »
Pour exercer dans plusieurs domaines, faut-il avoir un master par spécialité ?
C. M. : « Pour pouvoir avoir ce profil "généraliste", seul un master généraliste suffit. Il ne faut pas avoir des masters en fonction de chaque matière dans laquelle on exerce.
Le master spécialisé s'entend lorsque l'on ne souhaite exercer que dans une seule matière. En réalité, là où on se forme, c'est le terrain. Le master donne des connaissances, des bases que l'on doit ensuite mettre en œuvre. »
Parmi toutes vos expériences, quel a été votre dossier le plus improbable ?
C. M. : « Le dossier le plus improbable a été celui d’un client qui souhaitait mettre en place une résidence alternée sur un bébé.
J’ai tenté de lui faire comprendre que cette idée m’apparaissait délicate. Le client était focalisé sur cette volonté et j’ai alors décidé de ne pas donner suite à l’entretien. »
Est-ce que votre métier vous semble parfois répétitif ?
C. M. : « Je ne considère pas mon métier comme répétitif. Chaque situation est différente, donc je n’ai pas eu ce sentiment de répétition. La matière requiert aussi parfois de traiter une situation en urgence, ce qui empêche justement ce côté “répétitif”. »
Auriez-vous un exemple d’urgence à présenter à nos étudiants ?
C. M. : « L'urgence qui revient systématiquement quand on exerce en droit de la famille, c'est par exemple un déménagement d'un parent au cours des vacances scolaires d'été.
Il faut alors saisir en urgence le juge aux affaires familiales pour faire fixer les mesures. Il y a également les ordonnances de protection pour les victimes de violences conjugales qui nécessitent une urgence absolue puisque le dossier est audiencé rapidement.
L'ordonnance est rendue dans les 6 jours suivant l'avis de fixation de l'audience. Il faut alors aller très vite. »
Est-ce qu’il vous arrive de rentrer chez vous avec des remords par rapport à un dossier ?
C. M. : « Bien sûr, j’ai pu rentrer chez moi avec un sentiment de remord suite à une décision que j’ai pu avoir et qui n’emportait pas ma satisfaction. Je pense que chaque avocat est soumis à ce sentiment au cours de son activité professionnelle.
À titre personnel, j’estime qu’il est très difficile de se détacher d’un dossier, surtout sur une matière comme le droit de la famille. »
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Les qualités requises pour être avocat en droit de la famille
Selon vous, quelles sont les qualités requises pour être avocat en droit de la famille ?
C. M. : « Les qualités essentielles dans cette matière sont l’écoute et la patience.
Un bon avocat en droit de la famille est celui qui consacrera un temps d’écoute suffisant à son client, qui lui apportera les réponses à ses questionnements.
Alors oui, il faut se consacrer sur les éléments factuels les plus importants à l’analyse du dossier, mais il faut aussi parfois écouter plus que l’aspect “juridique” pour appréhender le dossier dans son entièreté. »
D’après vous, est-ce que la plus grosse difficulté en tant qu’avocat en droit de la famille est l’impartialité ?
C. M. : « À mon sens, il n’y a pas de “partialité” en droit de la famille. J’appréhende un dossier en droit de la famille avec toute l’impartialité qui doit être la mienne.
Nous représentons une personne avec un vécu très personnel, mais il faut parfois se positionner en hauteur et conseiller au mieux son client.
Le client doit d’abord comprendre que ses souhaits ne seront pas forcément ceux qui seront entendus par le juge.
Il doit aussi savoir que des réactions un peu vives, souvent liées à l’affect d’une séparation ou d’un divorce, et qui sont humaines, n’ont pas leur place et vont entraîner des polémiques inutiles. Et cela, d’autant plus lorsque des enfants se retrouvent placés au milieu de cette séparation. De cette façon, l’avocat demeure impartial. »
Les avantages et inconvénients du métier d’avocat en droit de la famille
Quelles sont les trois choses que vous adorez dans votre métier ?
C. M. : « Les trois choses que j’adore dans mon métier sont :
L’écoute ;
La richesse et la diversité des échanges et des situations ;
Les recherches juridiques et la technicité des procédures. »
Inversement, quelles sont les trois choses que vous détestez dans votre profession ?
C. M : « Il n’y a pas de choses que je déteste.
Le seul aspect qui peut paraître dérangeant est de devoir être joignable constamment.
Par exemple, je dois apporter des réponses immédiatement par mail ou par téléphone. »
Conseils pour devenir avocat en droit de la famille
Quels conseils donneriez-vous à des étudiants souhaitant devenir avocat en droit de la famille ?
C. M. : « Mes conseils seraient d’être patient, empathique et attentif à l’égard de son client. Ne pas tomber dans le traitement “à la va-vite”.
Chaque situation requiert des stratégies différentes : soit l’urgence, soit un temps beaucoup plus long. Un client qui perçoit que son avocat l’écoute, maîtrise sa matière tout en comprenant son émotion vous donnera son entière confiance. »
Est-ce qu’il y a une série ou un film sur les avocats que vous recommandez ? Un livre ?
C. M : « À mon sens, il est primordial de lire les trois livres de Monsieur Robert Badinter retraçant son combat pour l’abolition de la peine de mort.
S’agissant de films ou de séries, plusieurs me viennent en tête :
Dans leur regard ;
La voie de la justice ;
Philadelphia ;
12 hommes en colère. »
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Clichés sur les avocats en droit de la famille
Nos abonnés ont fait remonter des clichés sur votre profession, pourriez-vous nous dire s'ils sont vrais ou faux ?
« Les avocats en droit de la famille ne gagnent pas beaucoup d'argent »
C. M. : « Faux. Un avocat exerçant en droit de la famille peut très bien gagner sa vie. La notion d’argent ne doit pas être le vecteur le plus important quand on s’engage dans cette matière. »
« Les avocats en droit de la famille s'occupent de divorces toute la journée »
C. M. : « Faux. La matière est tellement riche et diversifiée que chaque journée n’est pas comparable à une autre. Il n’y a aucune routine ou lassitude dans cette matière. »
« Les avocats en droit de la famille sont des thérapeutes de couples »
C. M. : « Vrai et faux. Vrai, car il faut être “un thérapeute” pour parvenir à faire sortir la personne d’une réaction vive ou douloureuse suite à une séparation. Lorsqu’un couple se sépare, il demeure un couple parental et c’est cet aspect du “couple” qui doit être travaillé.
Et faux, car il ne faut pas que le client s’imagine que vous êtes un assistant social, un psychologue ou encore son confident.
Il est important d’écouter, mais ce serait dangereux d’aller au-delà de l’écoute. Il faut savoir mettre une barrière. »
« Les avocats en droit de la famille font plus du social que du droit »
C. M. : Faux.
FAQ : avocat en droit de la famille
En faculté de droit, le droit de la famille est souvent une matière spécifique, différente du droit des personnes. C’est pourquoi nous avons interrogé Maître Monicault, afin d’obtenir quelques précisions !
Quelle est la différence entre le droit de la famille et le droit des personnes ?
C. M. : « Les deux matières sont assez similaires, car il y a des notions identiques tant en droit de la famille qu'en droit des personnes (ex. : état civil, naissance, nom de famille) et des différences puisque le droit des personnes recouvre également les mesures de protection sur les majeurs (sauvegarde de justice, tutelle et curatelle). »
Est-ce qu’un avocat en droit de la famille peut représenter un membre de sa famille ?
C. M : « Je peux représenter un membre de ma famille sauf si l’adversaire est aussi quelqu’un de ma famille, auquel cas, il m’apparaitrait délicat de pouvoir poursuivre ma mission en raison d’un conflit d’intérêt. »
D’un point de vue juridique, c’est donc interdit de représenter un membre de votre famille ?
C. M. : « Il faut à mon sens se placer sur le plan déontologique, plutôt que juridique. Si une affaire concerne un membre de ma famille contre un autre membre de ma famille, il apparaît délicat que je puisse prendre le dossier en charge.
Ce serait une indélicatesse au sens déontologique. De même, le membre de la famille que je n'assiste pas pourrait solliciter que je me dessaisisse du dossier pour cette raison. »
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Article rédigé par Cassandre Thevin, Responsable éditorial
Propos recueillis par Yasmine Lamnaouar
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