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 Cours d'Introduction Générale au Droit

SOMMAIRE : ⤵️

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Te voilà arrivé en première année de droit ! C’est le début de belles aventures et pour les poursuivre sous les meilleurs auspices, tu te dois de maîtriser les bases de la discipline. C’est en introduction générale au droit que tu les rencontreras pour la première fois (prends garde, ensuite, elles se présenteront régulièrement sur ta route !).

 

L’introduction générale au droit, c’est un peu le fil conducteur de toutes tes études : le droit, les sources du droit, l’interprétation du droit, la hiérarchie des normes (Kelsen surgit souvent dans le game). Tu dois bien comprendre les différents liens entre ces notions et concepts pour pouvoir correctement apprendre, disserter ou commenter par la suite. On ne blague pas ! 

 

En somme, que tu envisages un parcours en droit privé, un parcours de publiciste, le CRFPA, l’ENM ou encore tout autre concours de la fonction publique, tu dois dominer les rouages de l’introduction générale au droit. 

Les fiches de droit d'Introduction au droit et flashcards de droit

Le outils
Programme IGD

 I. Quel est le programme d’introduction générale au droit ?

articles methodologie juridique dissertation

Tu es là, tu débarques, on te parle de jurisprudence, d’instrumentum (promis, ce n’est pas un sortilège), de fait juridique, de Saint Thomas d’Aquin et toute sa bande, de PGD, de pyramide (on ne fait pas de géométrie), de jusnaturalisme

 

Dis-nous la vérité, tu notes sans comprendre, n’est-ce pas ? Ça nous est arrivé. Être là et noter comme des machines, avec une orthographe douteuse, tous ces nouveaux termes.

💡 Ton premier réflexe doit être de te munir d’un dictionnaire de vocabulaire juridique pour te créer un répertoire ! 

 

Le programme en introduction générale au droit est extrêmement vaste. Et pour cause, on te l’a dit, il marque le pilier de l’intégralité de ta culture juridique !

 

  • Tu découvriras les joies des caractéristiques de la règle de droit (droit objectif, sources et fondements) ;

  • Tu traverseras les contrées du droit dans l’espace et dans le temps (application de la loi) ;

  • Tu verras comment les individus jouissent de droits (droits subjectifs, titulaires, preuves et exercice) ;

  • Tu verras en long, en large et en travers la hiérarchie des normes.

 

On a résumé. Évidemment, chaque élément sera développé à la fac avec beaucoup de minutie. 

 

Bref, jurisprudence, doctrine, Kelsen, naturalisme, preuve par tout moyen, présomptions, droit privé, summa divisio, et droits subjectifs extrapatrimoniaux n’auront plus de secrets pour toi.

 

De ton côté, tu as une mission : bien comprendre l’intérêt de tout ce qu’on t’enseigne. Tu n’es pas là pour enregistrer ces informations bêtement, mais pour les exploiter à l’appui de tes raisonnements. ​

Les cours

II. Qu’est-ce que le droit ?

 

Sache avant tout que le droit est constitué par un ensemble de règles juridiques de “droit objectif” dont découlent des “droits subjectifs”. Notre droit se divise en différentes branches. 

Quels sont les caractères de la règle de droit ?

La règle de droit correspond à l’ensemble des normes qui conduisent la vie en société. Du contrat social, Jean-Jacques Rousseau, et tous les autres : on n’est plus à l’époque de la Loi du Talion. Pour vivre ensemble en harmonie, les hommes doivent être encadrés. 

 

La règle de droit a différents caractères. Le vocable employé peut légèrement changer par rapport à ce que tu étudies à la fac, mais l’esprit reste le même : 

 

  • la règle est coercitive (sanctionne) ;

  • obligatoire (définit les comportements) ;

  • impersonnelle (générale et abstraite) ;

  • permanente (s’applique dès son entrée en vigueur et tant qu’elle n’est pas abrogée).

 

💡 Ces normes peuvent être de différentes natures : constitutionnelle = Constitution ; légale = loi ; réglementaire = règlement, conventionnelle = convention.

 

C’est l’occasion pour nous de te rappeler - ou de t’apprendre -, que pour être un bon juriste, il faut être capable d’interroger les mots. “Légal” fait écho au latin “legalis” signifiant référence à la loi. Sois aux aguets et demande-toi toujours le profond sens de chaque terme que tu croises sur ton itinéraire.

 

▶️ Le caractère coercitif de la règle de droit

Pour être respectée, la règle doit imposer une sanction (civile ou encore pénale, elle peut même être administrative !). 

 

Il paraît que c’est un bon moyen de la faire appliquer (mais, ce ne sont que des rumeurs, il y a toujours des gens qui traversent au passage piéton quand le feu est rouge… Tu sauras que tu risques 38 € d’amende ! Art. R. 412-38 et R. 412-43 C. de la route et 131-13 C. pén.).

 

▶️ Le caractère obligatoire de la règle de droit

 

Normalement, la règle s’impose à tous en créant des interdictions ou des obligations. Par exemple, tu as l’obligation d’exécuter ton contrat de bonne foi (art. 1104 du Code civil). 

 

Donc, quand tu t’engageras à réaliser un stage, tu iras au bout et tu respecteras ta convention ! Professionnalisme, assiduité, ponctualité et implication constituent des éléments d’une exécution de bonne foi. 

 

💡 Tu dois savoir que tout ce qui n’est pas interdit est permis (art. 5 de la DDHC du 26 août 1789). Pourquoi on te le dit ? Parce qu’on veut t’éviter un baratin inutile dans tes copies. Si la loi ne distingue pas, tu n’as pas à le faire toi-mêmeUbi lex non distinguit nec nos distinguere debemus”. 

 

Pas d’interdiction signifie en principe (n’oublie pas, tu fais du droit, il y a toujours des pièges), que c’est permis. Réflexe de raisonnement à conserver précieusement .

 

▶️ Le caractère impersonnel de la règle de droit

La règle de droit est formulée en termes généraux et abstraits de manière à s’appliquer à tous. Elle est la même pour tous. Que tu sois étudiant en droit ou hôte de caisse, tu es soumis au droit comme tout le monde.

 

“Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer.” (art. 1240 du Code civil). Tu vois, les termes employés sont généraux et impersonnels.

 

⚠️ Nuance cela dit, le législateur prend en considération certaines situations spécifiques pour exclure l’applicabilité de certaines règles ou au contraire assurer une protection spécifique à certains individus (mais on t’assure, les étudiants en droit et juristes n’ont aucune immunité), comme les mineurs ou encore les consommateurs. C’est la raison pour laquelle on se retrouve avec des branches de droits spécifiques, une infinité d’exceptions et beaucoup de maux de tête.

 

▶️ Le caractère permanent de la règle de droit

 

La règle de droit perdure, c’est la raison pour laquelle jusqu’en 2013, les femmes qui portaient des pantalons étaient dans l’illégalité la plus totale ! Rien que ça ! 

 

💡 Bon en vrai, l'ordonnance concernant le travestissement des femmes du préfet de police Dubois n° 22 du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800) était incompatible avec les principes d'égalité inscrits dans le bloc de constitutionnalité (lui aussi, tu vas le croiser pas mal de fois !). Elle était implicitement abrogée depuis des lustres. Mais c’est le 31 janvier 2013 que ça a officiellement été indiqué. 

 

L’occasion pour nous de te faire un bref rappel relatif à l’application de la loi dans le temps ! Pourquoi s’en priver ?

 

En introduction générale au droit, tu apprends qu’en principe, la loi entre en vigueur à la date qu’elle fixe ou à défaut, dès le lendemain de sa publication (art. 1er du Code civil) et qu’elle ne dispose que pour l’avenir (art. 2 du Code civil).

 

Mais, on te l’a dit, c’est une aventure, et dans toute aventure, il y a des obstacles. Voici le premier : ce qu’on vient de te dire est ponctué de 3 millions d’exceptions (non, on exagère).

  • Principe → la loi n’a pas d’effet rétroactif, elle ne dispose que pour l’avenir.

  • Exceptions

    • Loi expressément rétroactive → elle précise qu’elle s’applique à des situations antérieures à son entrée en vigueur ;

    • Loi pénale plus douce → la peine prévue par le législateur est inférieure au quantum qui était prévu jusque-là, donc la loi nouvelle peut s’appliquer aux faits commis avant son entrée en vigueur, qui n’ont pas encore été jugés définitivement (art. 112-1 al. 2 du Code pénal) ;

    • Loi interprétative → elle vient interpréter une loi déjà en vigueur, donc s’applique avec rétroactivité ;

    • Loi de validation → elle vient valider rétroactivement un acte illégal. Attention, le Conseil constitutionnel pose des conditions pour qu’une telle loi soit rétroactive (Cons. const., 22 juil. 1980, décision n° 80-119 DC).

 

Une loi sort de vigueur dès lors qu’elle est abrogée implicitement (si un texte postérieur lui est contraire) ou expressément (un texte vient l’indiquer). 

 

Te voilà prêt à passer au niveau supérieur !

 

Le droit et les disciplines voisines

 

Tu croiseras le droit, la religion et la morale en introduction au droit. Mais alors, qu’est-ce qui les distingue ? 

 

▶️ Le droit et la religion

 

Pendant longtemps, le droit a été influencé, marqué, étroitement lié à la religion. On te renvoie à ton cours d’histoire du droit. 

 

Tandis que le droit organise la vie en société, la religion implique la recherche d’un salut intérieur. ​​Dans ce dernier cas, le comportement de l’individu est guidé par ses croyances.

 

💡 En droit, l’adultère n’est plus pénalisé depuis la loi n° 75-617 du 11 juillet 1975. Pourtant, religieusement, il demeure majoritairement un péché (et moralement, on n’en parle même pas…).

Tout est dit dans les Fiches d'Introduction générale au droit !

 

▶️ Le droit et la morale

 

Les règles de morale sont censées conduire vers un perfectionnement intérieur. Elles sont plus larges que le droit. 

 

Moralement, ce n’est pas bien de mentir… Pourtant, le droit ne le sanctionne pas (sauf si ça devient un dol et que tu trompes ton cocontractant, art. 1137 C. civ.). En revanche, quand tu mens à ton chargé de TD, qui te soupçonne d’avoir payé quelqu’un pour faire ton devoir (histoire vraie), moralement, c’est pas top. Tu le sais, la classe le sait et le chargé de TD aussi. 

 

Bref, la morale c’est subjectif, chacun vit avec sa conscience et malheureusement, certains vivent très bien en commettant des actions douteuses. Pour autant, là où la loi ne distingue pas, on ne distingue pas. Donc si moralement, quand dans Grey’s Anatomy, Addison a trompé Derek avec Marc, c’est douteux. Juridiquement, elle n'encourt rien (depuis 1975) !

 

Quels sont les fondements de la règle de droit ?

 

Les règles de droit, ça sort d’où, en fait ? Il y a deux grands courants de pensée qui sont étudiés en introduction générale au droit : courant naturaliste et courant positiviste. Quèsaco ?

 

▶️ Le droit naturel

 

Ici, tu vas apercevoir Platon, Aristote, Saint Augustin ou encore Saint Thomas d’Aquin.

 

Ces penseurs s’accordent à dire que le droit provient d’une norme supérieure qui n’a pas été pensée par l’homme, mais dont découlent les normes de droit positif (on résume, en vrai c’est plus nuancé, avec différentes approches).

 

L’homme a des droits parce qu’il appartient à l’humanité au sens large. Ce sont des principes immuables

 

▶️ Le droit positif

 

Aussi appelé courant positiviste, ce droit positif fait référence au droit effectivement applicable dans une société. Tu tomberas sur Kelsen ou encore Jhering lors du trajet.

 

Quelles sont les différentes branches du droit ? 

 

Tu as sûrement entendu parler de la summa divisio par excellence : droit privé et droit public.  Il s’agit là de deux branches du droit. Tu retrouves également la distinction entre droit substantiel et droit processuel ou encore entre droit interne et droit international.

 

▶️ Droit privé et droit public

 

D’un côté, tu retrouves le droit privé qui régit les rapports entre personnes privées physiques (toi, nous, ton voisin) et morales (Pamplemousse magazine ou ton opérateur).

Tu y trouves notamment le droit des personnes, le droit de la famille, le droit commercial, le droit de la consommation, le droit des sociétés ou encore les relations individuelles de travail.

 

De l’autre, tu découvres le droit public qui encadre les personnes publiques (État, collectivités, administrations, Président de la République, Gouvernement, Parlement, etc.).

 

Tu étudies le droit constitutionnel ou encore le droit administratif.

 

💡Il existe également du droit mixte à mi-chemin entre droit privé et droit public. Prends garde, tout le monde n’est pas d’accord en doctrine sur le sujet, mais une majorité classe le droit pénal et le droit fiscal dans cette division.

 

▶️ Droit processuel et droit substantiel

 

On te l’a dit, il faut toujours analyser les mots. Dans processuel, tu retrouves “processus”, c’est-à-dire un cheminement, celui qui permet de mettre en application les droits subjectifs (du moins, de sanctionner ceux qui ne les respectent pas !). 

 

C’est le droit de forme, les procédures : procédure civile, procédure pénale, contentieux administratif, etc.

 

Quant à la substance; du latin “substantia”, elle fait référence à la matière, c’est le droit de fond. Ce sont toutes les disciplines juridiques qui posent des règles (obligations/interdictions) : droit pénal, droit des contrats, droit administratif, etc.

 

▶️ Droit interne et droit international

 

Il s’agit ici de distinguer entre le droit qui s’applique exclusivement aux ressortissants de son pays (droit interne) et celui qui s’applique à raison des traités et conventions ratifiés par le pays en question (droit international).

 

La différence entre droit objectif et droits subjectifs

 

Lorsque tu arrives en introduction au droit, tu entends parler du droit objectif et des droits subjectifs. Le premier correspond au droit en tant qu’objet, dans son ensemble. Le droit subjectif correspond au droit qui s’applique au sujet. 

 

▶️ Qu’est-ce que le droit objectif ?

 

Le droit objectif (qui devrait s’écrire “le Droit” avec une majuscule, si tu veux faire les choses bien, cher Pépin), c’est le droit applicable à tous les individus de manière générale, sans distinction relative à l’individu. 

 

C’est la fameuse règle de droit (dont les penseurs cherchent un fondement, droit naturel, droit positif et dont on étudie les sources. On ne te spoile pas, on en parle juste après).

 

▶️ Qu’est-ce que les droits subjectifs ?

 

Les droits subjectifs s’appliquent à raison du sujet de droit. La règle est prévue pour une catégorie de personnes à raison d’une situation ou d’une qualité. 

 

Genre, t’es l’heureux propriétaire d’un Code civil, t’as tout à fait la possibilité de le vendre. C’est ton droit en tant que propriétaire du bien (mais sache que vendre un code usagé à un jeune L1 sans défense, c’est moralement douteux, même si rien, juridiquement, ne t’en empêche).

 

L’intérêt d’étudier l’introduction générale au droit sera notamment de savoir qui est titulaire des droits subjectifs, comment les prouver, comment les classer et comment les exercer. 

 

Les titulaires des droits subjectifs

 

Le droit distingue encore les choses et les personnes. Seules ces dernières sont titulaires de droits subjectifs (logique, une chose ne peut pas être sujet de droit…).

 

On distingue les personnes physiques des personnes morales. Ces deux catégories bénéficient de droits subjectifs, mais leur capacité n’est pas similaire.

 

Les personnes physiques sont titulaires de droits dès leur naissance (en vrai, on peut nuancer avec la théorie de l’infans conceptus) et jusqu’à leur mort, c’est la capacité de jouissance. En revanche, leur capacité à exercer ces droits (capacité d’exercice) peut être réduite (par exemple, pour un mineur ou encore un majeur protégé).

 

Quant aux personnes morales, elles ont une capacité limitée à l’objet pour lequel elles ont été créées : c’est le principe de spécialité.

 

La classification des droits subjectifs

 

Ils se distinguent en deux catégories : 

 

  • droits patrimoniaux → font référence à tout ce qui est évaluable en argent ;

  • droits extrapatrimoniauxen dehors du patrimoine, ils ne sont pas évaluables en argent.

 

Si tu veux en savoir plus, on te renvoie à cet article sur le droit objectif et les droits subjectifs.

 

Les modes de preuve des droits subjectifs

 

Tu auras toute une partie relative à la preuve

 

  • La charge de la preuve → qui doit prouver ?

 

La réponse est (en principe) simple : celui qui se prévaut d’une obligation doit en rapporter la preuve (art. 1353 du Code civil).

En vrai, il y a des exceptions, ce sont les présomptions. Elles peuvent être simples (on peut rapporter la preuve contraire pour la renverser) ou irréfragables (on ne peut pas renverser, elle s’impose comme une vérité générale. Harry Potter est la meilleure saga de tous les temps, c’est une présomption irréfragable, impossible à contester).

 

  • Les modes de preuves → comment prouver ?

 

En matière civile, la preuve est libre sauf si la loi en dispose autrement (art. 1358 du Code civil). Justement, l’article suivant en dispose autrement : pour les actes juridiques dont le montant est supérieur à 1 500 euros, la preuve doit être faite par écrit (art. 1359 du Code civil et art. 1er du décret n°80-533 du 15 juillet 1980).

 

Il faut donc que tu distingues entre actes et faits juridiques. 

 

Ces derniers, définis comme événements ou agissements auxquels la loi attache des effets de droit (art. 1100-2 du Code civil), se prouvent par tout moyen

 

Les seconds sont des manifestations de volonté destinées à créer des effets de droit (art. 1100-1 du Code civil). Lorsqu’ils sont supérieurs à 1 500 euros, ils imposent (en principe), un écrit. On te laisse le plaisir de découvrir les exceptions en cours (impossibilité matérielle ou morale, commencement de preuve par écrit, tout ça, art. 1360 et s. du Code civil).

 

L’exercice des droits subjectifs

 

Avoir des droits, c’est cool, mais les exercer c’est mieux. Cela dit, on ne peut pas les exercer n’importe comment. Il existe la théorie de l’abus de droit. Aussi, lorsqu'autrui viendrait à perturber nos droits, il est possible d’agir en justice. Génial, non ?

 

  • La théorie de l’abus de droit → on ne doit jamais utiliser son droit pour nuire à autrui (utiliser notamment en matière de propriété, on te renvoie à Cass. req., 3 août 1915, n° 00-02.378, Coquerel c. Clément-Bayard).

  • L’action en justice → moyen à la disposition du justiciable pour faire valoir un droit (il doit avoir un intérêt légitime à le faire valoir, art. 30 CPC).

 

💡Pour savoir devant qui agir, tu dois maîtriser les rouages de l’organisation juridictionnelle française. Tu dois savoir qu’il existe un ordre judiciaire et un ordre administratif.

 

Le premier est largement compétent pour les litiges intéressant les rapports entre personnes privées (droit civil, droit commercial, droit de la consommation, droit du travail, droit pénal, etc.).

 

L’ordre administratif, quant à lui, intervient lorsqu’une personne publique est impliquée (droit administratif, droit de la fonction publique, etc.).

 

Chaque ordre est divisé en un double degré de juridiction (tribunaux au premier degré et cours d’appel au second degré). Au-dessus veillent des cours suprêmes, chargées de vérifier la bonne application du droit par les juges du fond. On retrouve le Conseil d’État pour l’ordre administratif et la Cour de cassation pour l’ordre judiciaire.

 

On pourrait te raconter des trucs pendant des heures, mais on va te laisser le plaisir d’en découvrir davantage en cours d’organisation juridictionnelle (ou d’organisation administrative et judiciaire, ça change d’un établissement à l’autre, mais le fond reste identique).

Team pamplemousse magazine super hero
Résumé cours IGD

III. Quelles sont les sources du droit ?

  • Te voilà arrivé au niveau supérieur. Le droit est composé de sources éparses : Constitutions, traités, lois, règlements. Ces règles sont hiérarchisées.

  • D’autres éléments viennent en marge de ces sources : coutume, jurisprudence et même doctrine, bien que pour cette dernière, une majorité refuse de la considérer comme une véritable source.

Les différentes sources du droit

 

Le droit est issu de sources diverses écrites, non écrites, internes, internationales, il y en a pour tous les goûts ! 

 

▶️ Les sources internes

 

En interne, et plus précisément, à l’échelle de la France, tu retrouves le bloc de constitutionnalité, différents types de lois, des règlements, des coutumes, des jurisprudences ou encore des principes généraux du droit. Autant savoir immédiatement de quoi il s’agit, car ils te suivront tout au long de ton périple !

 

La Constitution

 

La Constitution est également connue sous le vocable “norme suprême”. C’est un peu le big boss des autres règles. Elle s’impose à elle et ces dernières lui doivent le respect. 

 

La Constitution encadre les pouvoirs publics (elle détermine la séparation des pouvoirs) et garantit les droits (art. 16 de la DDHC du 26 août 1798).

 

En France, on parle de “bloc de constitutionnalité” depuis la décision “Liberté d’association” du 16 juillet 1971 (décision n° 71-44 DC, si tu dois connaître un numéro, c’est bien celui-ci !). Ce bloc se compose : 

 

  • 🖍 De la Constitution du 4 octobre 1958 et son Préambule ;

  • 🖍 Du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 (qui renvoie aux principes fondamentaux reconnus par les lois de la République et aux principes particulièrement nécessaires à notre temps) ;

  • 🖍 De la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 ;

  • 🖍 De la Charte de l’environnement de 2004 (depuis la révision du 1er mars 2005, voir Cons. const., 19 juin 2008, n° 2008-564 DC et 7 mai 2014, n° 2014-394 QPC).

 

💡 Certains te diront que les principes et objectifs de valeur constitutionnelle (dégagés par le Conseil constitutionnel qui siège rue Montpensier, tu dois savoir ce genre de détail) font partie de ce bloc. 

En réalité, la question n’est pas tranchée en doctrine, et certains ne sont pas de cet avis. Conclusion ? Vérifie bien ce que ton enseignant t'indique dans son cours, et suis son point de vue.

 

Les lois

 

Les lois sont les textes édictés par le Parlement dans le domaine qui lui est réservé par l’article 34 de la Constitution (et d’autres dispositions éparses). Quels sont les différents types de lois ?

 

  • Lois ordinaires → celles de l’article 34 de la Constitution.

Il s’agit du domaine réservé du législateur. Il est seul compétent pour prendre des textes législatifs dans les domaines déterminés par cette disposition.

  • Lois organiques → celles de l’article 46 de la Constitution.

Ce sont des lois qui précisent des dispositions constitutionnelles. De ce fait, leur procédure d’adoption est plus complexe que pour les lois ordinaires. 

  • Lois de finances → elles relèvent de l’article 47 de la Constitution et sont relatives au budget de l’État. 

  • Lois de financement de la sécurité sociale (LFSS pour les intimes) → concernent les dépenses sociales et de santé. Elles relèvent de l’article 34 de la Constitution mais ont des spécificités.

Ces dernières sont issues d’une loi organique et codifiées aux articles L.O. 111-3 s. du Code de la sécurité sociale.

 

💡 Sous la Ve République, il existe le mécanisme des ordonnances prévu par l'article 38 de la Constitution (⚠️ à ne pas confondre avec les ordonnances juridictionnelles, qui sont des décisions rendues par un juge qui siège seul). Il s’agit de textes pris dans le domaine de la loi par le Gouvernement sur habilitation législative (le législateur doit l’autoriser à intervenir). 

 

Ces ordonnances acquièrent une valeur législative lorsqu’elles sont ratifiées (un projet de loi doit être déposé dans un délai donné par le législateur). 

 

À défaut de ratification, elles conservent une valeur réglementaire. Pire encore, si le projet de loi de ratification n’est pas déposé dans le délai imparti, elles sont caduques (elles cessent d'exister, tout simplement).

 

Les règlements

 

Les règlements relèvent de l’article 37 de la Constitution. Le pouvoir réglementaire (ministres, préfets, maires) peut agir dans tous les domaines qui ne sont pas réservés au législateur.

 

On retrouve des décrets ou encore des arrêtés. Ce sont des actes de nature réglementaire.

Tu peux croiser les décrets d’application, les décrets en Conseil des ministres ou encore les décrets en Conseil d’État. On te laisse la joie de découvrir les nuances lorsque tu auras cours !

 

Les sources en marge

 

Pourquoi parle-t-on de “sources en marge” ? Tout simplement parce qu’elles ne sont pas écrites (coutume, jurisprudence et principes généraux du droit) ou alors pas considérées comme de véritables sources (notamment pour ce qui est de la doctrine).

⚠️ N’utilise jamais cette expression “sources en marge” qui n’est pas une qualification juridique.

  • La coutume est une règle issue d’une application constante (répétée) et prolongée d’une règle dont le justiciable croit en l'existence d'une sanction s’il ne la respecte pas.

 

Tu verras, il existe différentes formes de coutumes : praeter legem (à côté de la loi), contra legem (contrairement à la loi), secundum legem (selon la loi).

  • La jurisprudence correspond à l’ensemble des décisions rendues sur une question de droit par des juridictions.

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  • Les principes généraux du droit sont des règles qui s’imposent, mais ne sont pas écrites. Elles sont généralement découvertes par le juge. 

​​

Le Conseil d'État reconnaît qu’ils s’appliquent même en l’absence de texte (CE, 26 octobre 1945, Aramu, 22 mai 1946, Maillon).

  • La doctrine correspond aux travaux des théoriciens, chercheurs ou encore professionnels du droit qui interprètent et analysent les textes / jurisprudences.

 

▶️ Les sources internationales

 

Les sources internationales sont celles qui sont créées par des instances ou organisations internationales. Il s’agit notamment des conventions et traités internationaux. Les juridictions supranationales, comme la CJUE, reconnaissent des principes généraux qui s’imposent également.

💡 Le droit issu des traités régulièrement ratifiés s’impose au pays. Ainsi, les lois doivent lui être conformes. En revanche, pour ce qui est de la Constitution, elle conserve sa primauté dans l’ordre interne  (CE, 20 oct. 1998, Sarran ; Cass. civ., 2 juin 2000, Fraisse). 

 

▶️ La hiérarchie des normes

 

Pourquoi parle-t-on de hiérarchie des normes ou de pyramide de Kelsen ? Parce que ce penseur austro-américain a développé la théorie selon laquelle les normes sont hiérarchisées entre elles (H. Kelsen, Théorie pure du Droit traduit par C. Eisenmann, Bruylant, Belgique, 1999, p. 39, 41 s.).

 

Selon lui, les normes inférieures tirent leur légitimité de la norme qui leur est supérieure. Elles doivent donc lui être conformes. 

 

Dans l’ordre interne, la Constitution prime toutes les autres normes (on ne dit pas "prime sur" ! Voir les erreurs de français juridique à ne surtout plus jamais faire).

 

On te le rappelle : la question se pose souvent de savoir si elle dispose d’une primauté à l’égard des normes de droit international. La réponse est oui : dans l’ordre interne, la Constitution prime les traités (CE, 20 oct. 1998, Sarran ; Cass. civ., 2 juin 2000, Fraisse). 

 

Quant aux traités, ils priment les lois.

 

Les lois sont supérieures aux règlements (et attention aux ordonnances qui relèvent tantôt de l’un ou de l'autre des échelons).

 

Les règlements sont en bas de l’échelle.

 

Ainsi, en cas de conflits de normes de droit écrit, toi, étudiant réfléchi, tu sais qu’il faut te référer à la théorie de la hiérarchie des normes.

▶️ Les conflits de normes de droit écrit

Parce que tu vas étudier une hiérarchisation des normes de droit écrit, il faut que tu aies à l’esprit qu’il peut y avoir des conflits entre ces textes. 

Et oui, qui veille à ce que l’ordre soit respecté ? Il arrive, en effet, que des règlements ne soient pas conformes aux lois. Comme il arrive que des lois ne soient pas conformes à la Constitution ou aux traités internationaux.

Lorsque l’on est face à ces conflits de normes de droit écrit, des juridictions interviennent pour opérer des contrôles : 

  • 🔎 Contrôle de constitutionnalité pour les lois par rapport à la Constitution → Conseil constitutionnel (art. 61 et 61-1 de la Constitution) ;

  • 🔎 Contrôle de conventionnalité pour les lois par rapport aux traités → juge administratif et juge judiciaire (retiens les décisions Jacques Vabre de la Cour de cassation, Nicolo, du Conseil d’État et IVG du Conseil constitutionnel) [Ndlr : voir un cas pratique sur le contrôle de constitutionnalité et conventionnalité] ;

  • 🔎 Contrôle de légalité pour les actes inférieurs aux lois → juge administratif (et juge pénal sur le fondement de l’article 111-5 du Code pénal lorsque la solution du procès pénal en dépend). 

 

▶️ L’organisation juridictionnelle

On vient de t’évoquer mille et une juridictions (oui, juste 3 ou 4, c’est relatif), mais, comment est organisé le système juridictionnel français ?

  1. Il y a deux ordres de juridictions : administratif et judiciaire. 

  2. Chaque ordre est composé de deux degrés : première instance et appel. 

  3. Le tout surplombé par des juridictions suprêmes, le Conseil d’État et la Cour de cassation. Ils ne constituent pas un 3e degré de juridiction. 

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schema-ordre-judiciaire
SOURCES IGD

IV. Comment apprendre l'introduction générale au droit ? 

Pour apprendre efficacement l'introduction générale au droit, on te conseille d'abord de bien comprendre qu'il s'agit là de la colonne vertébrale du reste des matières que tu apprendras au cours de la licence de droit. Deux méthodes te seront utiles : les schémas et les mindmaps.

Réviser IGD

V. 10 sujets d’examen en introduction générale au droit

Parce qu’il faut s’entraîner pour performer, on te propose quelques sujets de dissertation, des questions et un petit cas pratique. De quoi bien t’amuser sur le chemin de la réussite !

Questions en introduction générale au droit

Quels sont les caractères de la règle de droit ?

Quels sont les courants de pensée qui fondent la règle de droit ?

Le droit est-il issu de la morale ?

La religion fonde-t-elle le droit ? 

 

Dissertations en introduction générale au droit

Le déclin de la loi.

La preuve des droits subjectifs.

Droit naturel, source du droit positif ?

La doctrine, une source du droit ?

L’application de la loi dans le temps.

 

Cas pratique en introduction générale au droit

 

Lors d’un repas de famille, Emily a fait un virement de 1 600 euros à son frère en galère. Il lui a assuré qu’il lui rembourserait la somme sous 3 mois. Passé ce délai, Emily, qui commence une toute nouvelle vie loin de tout, auprès de Gabriel, souhaite récupérer son dû. Après tout, ce n’est pas facile de tout quitter du jour au lendemain, elle souhaite donc assurer ses arrières. Hors de question de dépendre de Gabriel, t’indique-t-elle. 

Son frère refuse catégoriquement de lui rembourser une telle somme, niant même l’avoir reçue de sa part. Elle te consulte pour savoir comment elle pourrait récupérer son argent.

Voir le corrigé du cas pratique
 

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